Retourner au Sénégal et en RD Congo
Marie-Laurence Flahaux
La question du retour des migrants attire de plus en plus l'attention de l'opinion publique et du monde politique. Les migrations africaines sont souvent perçues comme n’ayant lieu qu’à sens unique vers l’Europe, comme si les migrants ne retournaient pas dans leur pays d’origine. Selon les décideurs politiques, il est nécessaire d’encourager et de contraindre les migrants à retourner, et ils mettent en place des dispositifs dans ce sens. Cependant, du fait du manque de données, la question du retour des migrants africains est largement méconnue. À partir des enquêtes biographiques du projet Migration entre l’Afrique et l’Europe (MAFE) et d’entretiens qualitatifs, cette thèse s’intéresse au cas des Sénégalais et des Congolais qui ont migré en Europe. Elle vise à mieux comprendre leur intention de retour au moment où ils arrivent en Europe, la réalisation du retour, ainsi que la réinsertion de ceux qui sont retournés dans le pays d’origine. Les résultats mettent en évidence l’importance des aspirations des migrants et du contexte dans les pays d’origine et de destination pour la question du retour. Ainsi, les individus sont moins susceptibles d’envisager un retour et retournent moins lorsque la situation dans leur pays d’origine se détériore, ce qui est particulièrement le cas en RD Congo à partir des années 1990. Ensuite, la recherche révèle que les politiques migratoires restrictives découragent les retours. Il apparaît aussi que la préparation du retour joue un rôle clé pour la décision du retour et la réinsertion. Les migrants qui ont préparé leur retour ont des chances plus importantes de retourner, et ceux qui ont été contraints de retourner sont les plus susceptibles de quitter à nouveau leur pays d’origine pour migrer en Europe.