Migrations africaines et mondialisation par le bas à Buenos Aires
Régis Minvielle
Si les mouvements Sud-Nord sont des faits établis depuis longtemps tout comme les migrations régionales, apparaissent également des parcours pour le moins atypiques. La complexification des procédures de contrôles au nord et une mondialisation des sud expliquent en partie un certain éclatement des destinations. C’est ainsi qu’émergent désormais des routes sud-sud et intercontinentales. Si l’Asie, et plus particulièrement la Chine, sont devenues des destinations pour notamment des étudiants et des hommes d’affaires africains, l’Amérique du Sud et plus particulièrement l’Argentine, s’invitent désormais dans les itinéraires des Africains de l’Ouest. Sénégalais et membre de la confrérie mouride pour la plupart, ils se consacrent au commerce de rue en investissant l’espace public à Buenos Aires. Symboles d’une internationalisation des flux migratoires, ces nouvelles figures de l’immigration dans le cône sud du continent américain illustrent une mondialisation qui se fabrique par le bas, dans les interstices des Etats. Cette migration sera appréhendée à l’aune de la problématique du transnationalisme. Objet de critiques qui lui contestent notamment son caractère novateur, ce paradigme laisse toutefois entrevoir de nouvelles perspectives pour la recherche en se proposant par exemple de réinterroger la nature des liens entre le pays d’origine et le pays d’accueil ou bien d’expliquer des circulations complexes et multidirectionnelles.